2021 - Baromètre social
Un nombre important d'habitant·e·s en Région bruxelloise risque d'être particulièrement touchés par la flambée des prix énergétiques. Dans son Baromètre social annuel, l'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale fait le point sur la situation socio-économique des Bruxellois et son impact sur leur santé, à la veille de la crise énergétique.
En un an, la facture moyenne des Bruxellois a plus que triplé pour le gaz et doublé pour l'électricité, voire plus selon notamment le type de contrat et de tarification. Si les indicateurs de pauvreté disponibles ne permettent pas encore de visibiliser l'impact sur le budget des ménages, celui-ci est et sera inévitablement important, en particulier sur le territoire de la région bilingue de Bruxelles-Capitale où la pauvreté est élevée et le coût du logement supérieur à celui des deux autres régions. Après transferts sociaux, un quart (25 %) de la population bruxelloise dispose de revenus sous le seuil de risque de pauvreté, contre 18 % en Wallonie et 9 % en Flandre. Le nombre de personnes vivant avec un revenu d'intégration social (RIS) a crû de 65 % en dix ans, et a doublé (+100 %) chez les jeunes adultes (18-24 ans). Désormais, 6 % de la population de 18-64 ans et 14 % des jeunes de 18-24 ans perçoivent un RIS. Les plus âgé·e·s ne sont pas non plus épargnés par la précarité à Bruxelles : 13 % de la population de 65 ans et plus perçoit la garantie de revenus aux personnes âgées (GRAPA), soit un pourcentage trois fois plus élevé qu'en Flandre et deux fois plus qu'en Wallonie.
Certaines dépenses essentielles, comme celles relatives au logement (loyer et charges) ou à l'alimentation, pèsent lourd dans le budget des ménages et impactent proportionnellement davantage les niveaux de vie des personnes en situation de précarité. À titre illustratif, pour les ménages à bas revenus (premier quartile) sur le territoire de la région bilingue de Bruxelles-Capitale, le logement, les charges et les dépenses alimentaires représenteraient 61 % de leurs dépenses, contre 48 % pour les ménages à haut revenus (dernier quartile). En conséquence, les personnes plus précarisées sont davantage touchées par l'inflation des produits énergétiques et alimentaires.
Les problèmes de logement spécifiques à Bruxelles constituent un facteur particulier d’aggravation de l’impact social de la poussée inflationniste : avec 62 % de ménages locataires et des loyers sur le marché privé nettement plus élevés que dans les deux autres régions, ceux-ci pèsent lourdement dans le budget des ménages bruxellois. A titre indicatif, sur la période 2004-2020, le loyer médian en termes réels (donc hors indexation suite à l'inflation) a augmenté d’environ 30 % sur le territoire de la région bilingue de Bruxelles-Capitale. Pas moins de 51 615 ménages sont sur liste d'attente pour un logement social dans la Capitale, un nombre qui continue d'augmenter. Au niveau de la qualité des logements, 26 % de la population vit dans un logement inadéquat (fuite, humidité…) contre 12 % en Flandre et 19% en Wallonie. Dans ce contexte, déjà avant la flambée des prix, le Baromètre de la précarité énergétique indique que pas moins de 26,5% de la population bruxelloise connaissaient une certaine forme de précarité énergétique : facture énergétique trop élevée par rapport au revenu disponible, limitation de la consommation énergétique en deçà des besoins de base, difficultés à chauffer correctement son logement.
De manière générale, les inégalités de conditions de vie, renforcées par les inégalités d'accès aux soins, se répercutent en d'importantes inégalités de santé sur le territoire de la région bilingue de Bruxelles-Capitale. À titre indicatif, il existe une différence d'espérance de vie de près de 3 ans entre les résidents des communes pauvres et ceux des communes aisées de la Région.
Les conséquences sociales de la crise énergétique et de l'inflation risquent donc d'impacter tout particulièrement la région bilingue de Bruxelles-Capitale, et d'accroître encore les inégalités sociales et de santé, déjà très importantes à Bruxelles, comme l'indique ce Baromètre 2021.