Communiqué de presse - 3 Juin 2024

La santé des Bruxellois.es s'améliore, mais pas pour tous

La santé de la population bruxelloise s'est améliorée au fil des années, comme le montrent plusieurs indicateurs du Tableau de bord de la santé en Région bruxelloise 2024. Ainsi, l'espérance de vie a augmenté à Bruxelles : elle est passée de 74,6 ans pour les hommes sur la période 1999-2001 à 79,3 ans sur la période 2017-2019 et de 80,9 ans à 84,1 ans pour les femmes sur la même période. En outre, sur ces mêmes périodes, de moins en moins de Bruxellois.es meurent du cancer : les taux de mortalité prématurée par cancer (tous les décès dus au cancer avant l'âge de 75 ans) ont diminué d'environ 40 % chez les hommes et d'environ 35 % chez les femmes. Le cancer reste cependant la première cause de décès chez les hommes et la deuxième cause de décès chez les femmes, après les maladies cardiovasculaires.

Des "gains" en matière de santé inégalement répartis

Si ces chiffres suggèrent une amélioration globale de l'état de santé des Bruxellois.es, il apparaît aussi clairement que ces améliorations ne sont pas uniformément réparties au sein de la population. L’espérance de vie varie ainsi selon le niveau socio-économique de la commune de résidence. On constate, par exemple, que les hommes vivent en moyenne 6,6 ans de plus à Woluwe-Saint-Pierre qu'à Saint-Josse-ten-Noode.

Certaines pathologies touchent également plus souvent les personnes vulnérables. En 2021, 8 % des Bruxellois.es défavorisé.e.s souffraient de diabète, presque deux fois plus que chez les personnes favorisées. Par ailleurs, les personnes ayant un faible niveau d'éducation sont également beaucoup plus susceptibles d'avoir un diabète non diagnostiqué. Le rapport montre également que les inégalités commencent même "avant le berceau". Le risque de mortinatalité (enfant mort-né) était deux fois plus élevé pour les enfants nés dans des ménages sans revenu du travail que pour ceux nés dans des ménages à deux revenus.  

L’environnement impacte la santé des Bruxellois.es

Cette nouvelle édition du Tableau de bord met pour la première fois l'accent sur l'impact de l'environnement urbain, du travail et du logement sur la santé.

Environnement urbain : des changements positifs sont intervenus en termes de qualité de l'air. Les concentrations des principaux polluants, tels que les particules (PM2,5) et le dioxyde d'azote (NOx), diminuent de manière significative, de 80 % et 71 % respectivement, entre 1990 et 2020.

Cependant, ces concentrations restent au-delà des normes recommandées par l’OMS. Selon des estimations, la pollution de l'air est responsable d'un peu plus de 930 décès prématurés par an à Bruxelles. Les sources de ces deux polluants sont principalement le transport routier et le chauffage des bâtiments. On constate que les personnes aux revenus les plus bas habitent dans les quartiers les plus pollués révélant une inégalité environnementale tout à fait marquante. Cette inégalité est plus frappante encore lorsque l'on sait que les moins aisés sont également les moins motorisés. Ainsi, les personnes défavorisées ont moins souvent une voiture (66% des plus pauvres n’ont pas de voiture, contre 22% des plus aisés), mais elles souffrent plus souvent de la pollution que les véhicules génèrent.

Travail : 40 % des ouvriers qualifiés sont exposés à des matières nocives dans leur activité professionnelle, contre seulement 4 % des personnes exerçant des professions plus "intellectuelles", élément qui, à terme, impacte certainement la santé. 8% des cancers ont une cause professionnelle : ces derniers provoqueraient ainsi un peu plus de 2000 décès en Belgique annuellement.

Logement : à Bruxelles, 10% de la population rencontre des problèmes sérieux d’humidité ou de moisissures dans son logement, contre 5% en Flandre et en Wallonie. 22,8 % des personnes vivant dans des ménages en difficulté financière souffrent de graves problèmes d'humidité ou de moisissures dans leur logement, contre seulement 2,7 % des personnes plus aisées. Avec pour conséquence : la prolifération des moisissures qui peut entraîner des problèmes respiratoires. Cette humidité s’explique aussi, chez les personnes à faibles revenus, par une sur-occupation de logements (condensation).

“Ce dernier rapport de l’Observatoire rappelle à quel point les inégalités sociales et environnementales impactent notre santé.” souligne le Ministre bruxellois de la Santé et de l’Action sociale. “Le Tableau de bord montre qu’il faut poursuivre les efforts de la Région bruxelloise pour agir sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé. Les inégalités dans l’accès aux soins et dans l’exposition aux polluants ne sont pas une fatalité. À travers toute la politique en social, en santé et en environnement, j’ai travaillé à réduire les inégalités en la matière. Mais force est de constater qu’il reste encore énormément de travail et que ce sont toutes les politiques, économiques, d'emploi, de logement, d'alimentation, d'enseignement, qui doivent prendre en compte la santé si nous voulons, ensemble, réduire les inégalités sociales de santé. »

Document

Tableau de bord de la santé (pdf, 2.56 MB)